10 September 2015

Concertclassic, ein Kritik von Alain Cochard

AMIR KATZ AU FESTIVAL PIANO AUX JACOBINS – POUR L’AMOUR DU CHANT – COMPTE-RENDU Amir Katz (né en 1973). Depuis un concert au Châtelet peu après son Premier Prix au Concours Maria Canals en 1993 (suivi de récompenses identiques au […]

AMIR KATZ AU FESTIVAL PIANO AUX JACOBINS – POUR L’AMOUR DU CHANT – COMPTE-RENDU

Amir Katz (né en 1973). Depuis un concert au Châtelet peu après son Premier Prix au Concours Maria Canals en 1993 (suivi de récompenses identiques au Concours Robert Casadesus de Cleveland et au Concours Schubert de Dortmund), l’artiste israélien n’a guère eu l’occasion de se produire en soliste chez nous. D’aucuns ont en revanche peut-être eu l’occasion de l’entendre au côté du ténor slovaque Pavol Breslik – avec lequel il collabore de façon régulière depuis 2010 – dans La Belle Meunière à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille en avril 2014.

Accompagnateur de premier ordre, Katz l’est sans conteste, mais on aurait bien tort de le réduire à ce rôle ; le récital l’occupe beaucoup aussi, la musique de Schubert en particulier, et l’on sait gré au festival toulousain d’avoir permis de le découvrir sous ce visage.
Un programme tout Schubert avait été annoncé, c’est finalement par la 3èmeSuite anglaise BWV 808 que la soirée commence. Premier récital à Piano aux Jacobins : comme tous ceux qui l’ont précédé en ce lieu, Katz doit apprendre à maîtriser l’acoustique particulière de la salle capitulaire et on ne lui en voudra aucunement pour un Bach un peu traqueur et précipité parfois, même si la tendresse sans alanguissement de l’Allemande et la poésie doucement implorante de la Sarabande n’ont pas manqué de séduire.

Suivent les Quatre Impromptus D. 935 ; l’interprète est totalement dans son élément ici. Dès le fa mineur, le ton est donné. Attaque ferme mais sans rien d’inutilement péremptoire : un poète prend la parole et nous entraîne – en ami pourrait-on dire – dans un beau voyage. La concentration du geste apparaît aussi remarquable qu’un sens du phrasé et une attention à la ponctuation qui se comprennent mieux lorsque l’on sait la proximité du pianiste avec l’univers de la voix et du lied. De chaque impromptu, il saisit l’humeur avec une rare justesse. Une grande fraîcheur aussi, comme dans la bémol majeur qui s’épanouit, merveilleux de simplicité. Par l’intelligence avec laquelle il sonde le tissu harmonique et explore les voix médianes, Katz invite à une écoute renouvelée de pages archi-rebattues. Son art de la nuance, de la demi-teinte et des transitions ne séduit pas moins dans les variations du si bémol majeur, admirable de fluidité comme l’ultime fa mineur, porté par un ambigu – et si schubertien – mélange de secrète impatience et d’anxiété.

Désormais pleinement à son aise dans un lieu où il a trouvé ses marques, Katz livre en début de seconde partie des Impromptus D. 899 sans doute plus aboutis encore. Intimisme et urgence se mêlent dans l’ut mineur, sombre, fantomatique mais exempt de toute théâtralité. Evident et limpide, le mi bémol majeur mène au nom moins fameux sol bémol majeur où l’interprète, sans forcer le trait, exploite tout le potentiel expressif des basses. Quant au la bémol mineur, son naturel et son lyrisme offrent un parfait résumé de l’art d’Amir Katz.

Dans la droite ligne de ce qui a précédé, la Wanderer Fantaisie se refuse à tout tape-à-l’œil virtuose, pour mieux se souvenir du lied qui est à sa source, de l’errance et de la douleur du Wanderer – celui «qui est un étranger partout ». Les options d’Amir Katz peuvent étonner au premier abord mais l’on vite pris – et tenu jusqu’au bout ! – par l’intensité de sentiment et les teintes étranges d’une conception aussi singulière que cohérente. Toucher ou surprendre ? Vous aurez compris de quel côté se range cet authentique poète du clavier.

Public sous le charme, gratifié de trois bis (Chopin, Liszt et Schubert). Espérons qu’une scène parisienne songera à inviter Amir Katz sans trop tarder.

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